Intemporelle
Elle est belle. Elle est simple. Elle
incarne l'essence même de la moto. A tel point que nul ne doutait,
lorsque Yamaha l'introduisit sur le marché en 1978, que la 500 SR
susciterait un engouement comparable à celui suscité par sa
devancière XT.
La presse de l'époque était à peu
près unanime: puisque le moteur de la SR était dérivé de celui
qui équipait le plus gros monocylindre tout terrain du marché, il
ne pouvait être que fabuleux.
« Increvable »,
« inusable », « super souple »...
Les qualificatifs le concernant confinaient aux superlatifs.
Il faut dire que la sortie de la 500 XT
avait préalablement marqué les esprits.
On raconte même qu'aux Etats Unis, des
amoureux du moteur de la 500 XT plus encore que de la XT elle-même,
avaient transformé leur monture des machines routières. Bref, le
500 SR était pour la presse spécialisé de l'époque vendu avant
même d'être à vendre; « le super mono économique que
beaucoup attendaient », commentait Moto Revue.
C'était aller un peu vite en besogne
et cela pour deux raisons au moins.
La première tient aux spécificités
du marché du trail. A 500 cm3, on a affaire dans le contexte de
l'époque à un gros trail mais à une routière de moyenne
cylindrée; d'autant que le SR, avec ses 33 ch à 6500 tours, ne joue
pas la carte de la performance pure et dure.
La deuxième raison tient à la réforme
du permis de conduire qui approche à grand pas et qui, au cours de
l'année 1980, renforce cette nuance d'appréciation qui distingue
les trails des routières.
La SR, comme la XT, sera portée à 400
cm3 pour satisfaire les nouvelles normes du permis A2 mais autant une
XT de 400 cm3 reste un gros trail, autant une SR de 400 cm3 devient
une petite routière.
Les statistiques du permis de conduire
vont d'ailleurs étayer ce constat: le nombre de permis de conduire
de catégorie A2 va chuter et les ventes, dans la catégorie 80 à
400 cm3, vont s'effondrer d'autant plus lourdement que la courbe des
tarifs ne suit pas celle des cylindrées accessibles.
Dans un marché de la moto en pleine
récession ( de l'ordre de – 15% en 1981 et 1982 par rapport à
1980), les candidats au permis moto bien décidés à se faire
plaisir préfèrent payer un peu plus pour gouter les joies d'une
vraie grosse routière, quittes à devoir passer le permis A3. Bref,
le créneau de la 500 SR que l'on croyait promis à un avenir
reluisant ne cesse de se restreindre tant et si bien que Yamaha la
retire de son catalogue. Une première fois, devons-nous préciser
car surfant sur la vague rétro du début des années 1990, Yamaha
nous ressert la splendide petite 500 SR en 1993.
Le constructeur pousse même le soucis
du détail « vintage » jusqu'à remplacer son freinage à
disque avant originel par un bon vieux tambour. Visuellement, le
résultat est à la hauteur des espérances; pas les performances.
De la première 500 SR extrapolée de
la XT, elle conserve néanmoins les qualités premières: une
esthétique fluide et dépouillée qui renvoie à l'essentiel de la
moto; une facilité de conduite et une maniabilité de jouet. Un
jouet « pour homme » faut-il préciser car le couple
annoncé de 4,2 mkg à 3000 tours vaut en soi tout un programme; son
taux de compression de 9/1 aussi, surtout pour une machine démunie
de démarreur électrique. Chevilles sensibles s'abstenir!
Autant de particularités concourent à
lui forger une réputation de machine de caractère. Peut-être trop
car une nouvelle fois, la « mayonnaise » ne prend pas et
Yamaha sort définitivement (à ce jour) la SR de son catalogue en
1999.
Si vous avez le bonheur d'en croiser
une pourtant, vous ne pourrez que le constater de vos propres yeux:
elle est belle; d'une beauté qui ne tient pas qu'à ses atours...A
se demander quelle serait la réaction du public de 2013 si Yamaha la
remettait en circulation aujourd'hui car la SR incarne ce qui, dans
la moto, est intemporel.
(Sources: Moto Revue spécial salon
octobre 1977 et Moto Journal spécial essai 1996.)
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